Laboratoire du CIEN à Angers « Le malentendu de l’école »

Nous souhaitons consacrer la prochaine année (2023) à « ceux dont personne ne veut ». Des élèves qui, du fait de leur comportement à l’école, en classe, finissent par être exclus et peuvent faire plusieurs établissements au cours d’une même année. Ces enfants qui mettent dans l’impasse, dans la durée, à la fois les professionnels d’une institution et les intervenants extérieurs qui viennent lui apporter leur aide.
Nous voulons aborder ce thème qui touche à l’inclusion / exclusion en ouvrant la conversation à des  collègues de milieux éducatifs divers (enseignants, éducateurs, psychologues) en travaillant avec eux autour de vignettes pratiques.

Nous avons consacré en 2022, des conversations au documentaire Préliminaires, de Julie Talon [1]. La réalisatrice a interrogé, dans leur établissement scolaire, des jeunes âgés de 12 à 23 ans sur des pratiques sexuelles qui relèvent du rite initiatique, englobées sous le signifiant « prélis ». Il est remarquable de noter comment, sous le poids de l’injonction « jouis », certains jeunes se prêtent sans rechigner à ces « prélis » dans un environnement de contrainte et parfois de violence. Le documentaire met aussi en avant que le temps du collège n’est pas le temps d’après qui, lui, ouvre aux  questionnements.
Dans le discours de ces jeunes, le signifiant « prélis » semble employé dans une dimension holophrastique, « faire les prélis », comme un signifiant tout seul, qui revêt un aspect autoritaire, impératif, en manque de symbolique. L’écoute de la parole de ces jeunes nous enseigne sur ce que Philippe Lacadée nomme « la plus délicate des transitions » plutôt que « crise d’adolescence ». On y voit ce « vrai besoin spontané » de « devenir grand », qu’il ne faut pas dénier aux adolescents.

[1] https://www.arte.tv/fr/videos/087434-000-A/preliminaires/