Jacques Lacan

« L’humour est le versant comique du surmoi. »

Miller J.-A., « Clinique ironique », La Cause freudienne, n° 23, février 1993, p. 7.

Édito

Se défendre avec humour

Dans son argument pour les 55es Journées de l’École de la Cause freudienne, qui auront lieu les 15 et 16 novembre à Paris, Laura Sokolowsky s’interroge sur l’humour comme forme du comique. Freud déjà considère l’humour comme « quelque chose de libérateur », mais aussi « de sublime et d’élevé [1] ». Il est le « triomphe du narcissisme » et repose principalement sur l’auto- ou l’hétéro-dérision. Loin d’en faire deux mécanismes différents, Freud les réunit pour montrer la logique sous-jacente. À l’appui de l’humour et de la dérision, « le moi se refuse à se laisser entamer, à se laisser imposer la souffrance par les réalités extérieures » et renverse même ces dernières pour en tirer du plaisir ! Freud fait de ce retournement de la souffrance en plaisir la « caractéristique essentielle de l’humour ».

L’autodérision, qui peut s’en faire le ressort, se transforme parfois pour concourir à l’insulte. Certains sujets témoignent que l’humour ne remplit plus le rôle qu’il avait jusque-là pour eux[2], à savoir être « la plus élevée [des] réactions de défense[3] ». Si l’humour relève de la défense du moi, l’insulte quant à elle vise l’être en tant que tentative de « dire ce qu’est l’autre [ou le sujet] comme objet a[4 ] ».

Les trois pôles de l’ACF en VLB se sont mis au travail en direction de ces Journées, ce dont le site se fait l’écho. C’est ainsi que, par exemple, Dalila Arpin explorera cette question à Angers dans sa conférence à venir intitulée « L’autodérision : traitement de la mélancolie ou subversion du rapport au monde ? »

Lisa Toullec, pour la e-commission de l’ACF en VLB

[1] Freud S., « L’humour », Le Mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient, Paris, Gallimard, 1930, p. 402.
[2] Cf. propos de l’humoriste Hannah Gadsby dans la série documentaire Stand-up, la rage de vivre, disponible sur arte.tv.
[3] Freud S., « L’humour », Le Mot d’esprit… , op. cit., p. 393.
[4] Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Le banquet des analystes », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris 8, leçon du 6 décembre 1989, inédit.

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