Conversation avec Latifa Laâbissi, danseuse et chorégraphe

En présence d’Ariane Oger, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP

« Je cherche à habiter un lieu […] qui échappe à des formes d’assignation » [1] ainsi s’exprime Latifa Laâbissi pour définir sa démarche. Refuser d’être réduite à telle ou telle caractéristique ou identité, telle est la quête de cette illustre chorégraphe de la scène internationale contemporaine. Artiste captivante aux facettes multiples, Latifa Laâbissi invente des « danses tordues » [2] , véritable marque de fabrique de sa poétique esthétique. Avec elle, le corps tout entier entre dans la danse : le visage dont l’expressivité relaye « la grimace […] de notre monde » [3], mais aussi la voix et le rire mordant qui piège.
Cette extension du domaine de la danse amène à de multiples questions sur le rapport de l’artiste à son art. Trouve-t-elle, sur scène, ce lieu qui échappe aux assignations ? Quels sillages emprunte son processus de création ? Entre corps et création, quelle logique singulière et inédite sous-tend son travail ? De l’art, J. Lacan nous indique : « Je crois qu’il y a plus de vérité dans le dire qu’est l’art que dans n’importe quel blabla » [4] . La psychanalyse dialogue avec les arts et notre invitée, avec la psychanalyse. Latifa Laâbissi a dansé dans le cabinet de Freud.
La conversation sera ponctuée de séquences vidéo permettant de découvrir la démarche artistique de la chorégraphe.
La soirée est préparée par un cartel [5] composé de Sophie Bodet, Isabelle Chevalier-Rota, Christine Dadillon, Lydia Danto et Ariane Oger, (plus-un).
[1]  https://www.ensapc.fr/fr/actualite/entretien-avec-latifa-laabissi/
[2]  Ibid
[3]  Ibid
[4]  Lacan J., Le Séminaire, Livre XXIV, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre », leçon du 18 janvier 1977, inédit.
[5] Le cartel est le dispositif privilégié d’étude de la psychanalyse dans l’École de Lacan. Il s’agit d’un petit groupe de 4+1 personnes qui se forme pour une durée limitée, mettant chacun au travail.

Trois questions à Gilles Amalvi

G. Amalvi est écrivain, créateur et poète sonore, critique de danse. Il a été associé au Musée de la Danse à Rennes, a écrit pour des chorégraphes, tels Boris Charmatz, Anne Térésa De Keersmaecker, Ivana Müller, Emmanuelle Huynh. Il a écrit dans Grimaces du réel [1], ouvrage consacré au travail chorégraphique de Latifa Laâbissi, et a créé avec Latifa Laâbissi et Olivier Marboeuf, Transcanal [2].
Ariane Oger : Dites-nous deux ou trois choses que vous savez d’elle [3]. Commençons par une, par celle qui vous vient là, d’emblée.
Gilles Amalvi : La première idée qui me vient à l’esprit au sujet de Latifa, c’est le mot Grimace – et les images qui s’y associent : l’apparition, la déformation, le détournement, mais aussi l’usage conjoint du rire et de l’effroi. La grimace est une opération enfantine, apparemment inoffensive, mais Latifa Lâbissi l’utilise pour son potentiel disruptif : exposer la faille du moi d’une part (et tous les autres – potentiellement monstrueux – qui s’y logent) et révéler la part grimaçante de discours apparemment familiers, naturalisés. Une grimace n’est pas un masque, c’est le même visage, celui que l’on porte, mais surgissant soudain comme un masque : le masque de soi-même. Self-portrait Camouflage. C’est une forme d’extériorisation du sujet, une façon de le rendre visible en tant qu’autre, ce qui permet à Latifa d’exposer – à partir d’une simple opération de torsion – des impensés politiques, des altérités radicales… Lire la suite

Informations

Amphithéâtre du Lycée les Vergers
4 rue des Murets – Dol de Bretagne

Participation aux frais : 10€ / 5€ (étudiants/demandeurs d’emploi/moins de 18 ans)
Entrée gratuite pour les lycéens de Saint-Magloire et Les Vergers
Règlement possible sur place (chèque ou espèces) ou en ligne
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