Conférence de Bernard Seynhaeve, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP

Religion et psychanalyse ont le point commun de vouloir répondre à des questions que la pensée rationnelle n’a pas pu résoudre et d’apporter des réponses au malaise existentiel des êtres humains. Freud, en son temps, a mis en lumière la fonction consolatrice de la religion qui permet aux hommes de « supporter la vie»[1]. Mais il a cependant insisté sur le fait que la religion est une illusion dans le sens où elle est une croyance. « La croyance peut », en effet, « être nommée illusion, note-il, quand « l’accomplissement de souhait vient au premier plan », au mépris de la réalité effective »[2]. Jacques-Alain Miller précise que « Non seulement [Freud] perpétue la religion mais il la consacre comme névrose idéale. C’est bien ce qu’il en dit d’ailleurs en la rattachant à la névrose obsessionnelle (…) »[3].
Ainsi, « d’un côté, la religion « apaise les cœurs », produit de l’illusion, suscite de l’espoir : « la religion est faite, dit Lacan, pour guérir les hommes, qu’ils ne s’aperçoivent pas de ce qui ne va pas »[18]. D’un autre côté, il souligne, en évoquant « l’offrande à des dieux obscurs d’un objet de sacrifice »[19], ce que la croyance peut comporter de pire. »[4]
Que penser alors de la psychanalyse qui prétend guérir avec des mots la souffrance psychique? Peut-on, dès lors, la comparer à la pratique de la confession chez le catholique? La psychanalyse serait-elle une religion comme une autre? Peut-on imaginer, que tout comme dans l’expérience religieuse, et particulièrement dans la confession, l’analysant, touché par ses vérités inconscientes, serait « touché » par la révélation?

Nous aurons le plaisir de recevoir et d’entendre notre collègue Bernard Seynhaeve, psychanalyste et membre de l’ECF et de l’AMP, le samedi 22 juin à 10 h qui interviendra sous titre : La ruse de la confesse. Il s’appuiera sur une citation de Lacan : « Je vais vous dire la réflexion qu’en vous écoutant je me suis faite à propos de la confesse et de tout ce qui s’ensuit […] Je pensais à un de mes analysants qui est un vrai catholique, mûri dans la saumure catholique à un point qui n’est certainement égalé par personne ici, sans cela personne n’y serait. En somme, un catholique vraiment formé dans le catholicisme est inanalysable. » Lacan fait cette réflexion une première fois lors d’une soirée privée chez lui le 9 mars 1976. Jacques Aubert commentait ce soir-là le roman de James Joyce Portrait de l’artiste en jeune homme. Cette remarque de Lacan qui apparaît impromptue, surgit dans la discussion qui suit la conférence, entre Jacques-Alain Miller et Jacques Aubert. Puis, Lacan refait cette remarque à peu près dans les mêmes termes une seconde fois à son séminaire, le 16 mars. Lors de cette séance, il qualifie Joyce de « vrai catholique » et il précise : « un catholique, c’est-à-dire élevé par les Jésuites ». Bernard Seynhave se propose de tenter tirer ça au clair avec nous.

1- Freud, L’avenir d’une illusion, 2011, p.86.
2- Argument du bureau du pôle de Rennes
3- Lacan, Le Séminaire, livre XXII, « R.S.I. », Leçon du 17 décembre 1974, inédit.
4- Argument du bureau du pôle de Rennes

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