Cycle de trois soirées autour du cas Le petit Hans

Freud publie le cas du petit Hans en 1909, quatre ans après Trois essais sur la théorie de la sexualité [1], dans lesquels il démontre l’implication de la dimension sexuelle dans la formation des symptômes. Ce cas est une mise à l’épreuve de sa théorie et s’inscrit dans son élaboration du complexe d’Œdipe. On y suit les fictions enfantines labyrinthiques permettant à ce sujet de construire une phobie, celle du cheval, et d’en trouver l’issue.

Le petit Hans est face à une question, celle de son « fait-pipi », échappant à son contrôle. L’irrépressible de la pulsion, la menace de castration, favorisent chez lui la formation de ce symptôme qu’est la phobie. La phobie de Hans est en fait, déjà, une réponse du sujet. Elle a par ailleurs une fonction, celle de localiser l’angoisse. Notons que Freud distingue peur et angoisse. J. Lacan, dans le Séminaire X, fait valoir que l’angoisse n’est pas sans objet, là où la peur en a un. Le travail de Freud met à jour, sous l’angoisse, une élucubration de savoir du sujet sur sa place dans le monde. Une éthique s’en déduit : celle du sérieux du temps de l’enfance et de la parole de l’enfant.

Devenu adulte, Hans témoigne à travers son activité artistique de premier metteur en scène d’opéra, des traces laissées par ce symptôme, traces qui, pour lui, ont fait destin.

Lacan, lecteur de Freud, consacre en 1956 quelques leçons du Séminaire IV au cas du petit Hans, l’inscrivant dans son élaboration théorique de manière cruciale. Sa relecture, dans un moment où il n’est pas encore structuraliste, permet deux apports majeurs pour la psychanalyse : il propose la métaphore paternelle, soit la manière dont tout enfant s’affronte au désir de la Mère, qui sera logiquement suivi d’un texte fondamental « D’une question préalable à tout traitement possible de la psychose [2] ». Ainsi, la phobie est cette « plaque tournante [3] » à partir de laquelle la position psychique du sujet se déduit. La découverte de la castration maternelle, induit une réponse de l’enfant face à ce réel, qui le concerne tout autant.

Ces trois soirées d’introduction à la psychanalyse à propos du cas du petit Hans seront l’occasion de relire Freud, puis Lacan et de nous interroger : que peut-nous apprendre encore aujourd’hui le cas du petit Hans ? Permet-il d’éclairer ce qu’il en est de la place de l’inconscient de l’enfant dans la clinique contemporaine ? La phobie existe-t-elle toujours ? A-t-elle la même fonction qu’au temps de Freud ? L’imaginaire de l’enfant, les permutations fantasmatiques [4] dans lesquelles Hans nous entraîne se révèlent interprétables, elles sont le fruit de l’effort produit par Hans pour traiter le réel auquel il se confronte, celui de la castration, de la transformation de l’impuissance en impossible [5].Le cas du petit Hans nous apprend aussi que ce travail n’est pas sans son accroche au transfert à Freud, au sujet-supposé-savoir qui soutient son élaboration et pas sans sa position, dont il se fait responsable.

1 Freud S., Trois essais sur la théorie sexuelle, Paris, Folio essais, 2004.
2 Lacan J., « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose », Écrits, Paris, Seuil, 1966.
3 Lacan J., Le Séminaire, livre XVI, D’un Autre à l’autre, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2006.
4 Miller J.-A., « La logique de la cure du petit Hans selon Lacan », La Cause freudienne, n° 68, 2008, p. 96-112.
5 Ibid.

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