Trois soirées d’introduction à la psychanalyse à partir du texte de Freud Malaise dans la civilisation, préparées par un cartel dont les membres sont : Damien Botté (psychanalyste membre de l’ECF), Delphine Gicquel, Thomas Kusmierzyk (plus-un de ce cartel, psychanalyste membre de l’ECF), Adeline Suanez et Guy Udo.
Dès 1920, Freud déduit de son travail de recherche sur les névroses de guerre l’existence de la pulsion de mort, cette idée selon laquelle l’homme répète ce qui n’est pourtant pas source de plaisir pour lui.
Dans une suite logique, en 1929, dans Malaise dans la civilisation, il émet un sérieux doute quant au fait que la pulsion de mort soit éducable. Dans ce texte, d’une modernité bluffante, Freud s’interroge sur les ressorts de la civilisation pour inhiber l’agressivité et la haine. Mais sa croyance dans les vertus pacifiantes de la civilisation n’est pas très assurée. Freud révèle que si la civilisation s’impose comme une nécessité pour réguler les exigences pulsionnelles entre les individus, elle ne saurait suffire pour un vivre-ensemble harmonieux. Il nous met ainsi en garde face aux « briseurs de soucis [1] » qui ne sont que des illusions pour se protéger de la souffrance humaine. Les tentatives de l’être humain de se soustraire au fardeau de la réalité l’amènent à se réfugier dans un monde formant « un Moi purement hédonique auquel s’oppose un monde extérieur, un « dehors » étranger et menaçant [2] ». Or, la société exige un renoncement. Mais la tendance du sujet à préserver sa liberté contre la volonté de la masse « cause de l’hostilité contre laquelle toutes les civilisations ont à lutter [3] ».
Lacan, dans sa théorie du lien social, renouvelle la lecture freudienne, en inventant l’écriture de quatre discours. Il nomme « impasses croissantes de notre civilisation [4] » le paradoxe du surmoi qui, s’il est utile pour inhiber le penchant à l’agression pour vivre ensemble, a néanmoins son envers. Dans son « Petit discours aux psychiatres de Sainte-Anne », il souligne aussi la « transformation de la science (…) [et le] progrès civilisationnel universel [comme] source[s] d’un malaise ne pouvant conduire qu’à la ségrégation [5] ».
Aussi, à la lecture de Malaise dans la civilisation, de textes de Lacan et de publications récentes nous éclairerons quelques concepts freudiens et lacaniens utiles pour saisir les origines de l’agressivité. Nous parcourrons les formes contemporaines de la haine à travers le malaise civilisationnel de notre époque qui se manifeste dans les guerres, le racisme, à partir de celui qui touche à l’autorité ou encore à la lutte des sexes, et ce, à l’appui d’illustrations cliniques.
[1] Freud, S., Malaise dans la civilisation, PUF, Paris, 1971, p. 23.
[2] Ibid., p. 9.
[3] Ibid., p. 47.
[4] Lacan J., « La psychanalyse, raison d’un échec », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 349.
[5] Lacan J., « Petit discours aux psychiatres de Sainte-Anne », 10 novembre 1967, inédit, disponible sur internet.
Informations
Mercredi 19 novembre 2025 – mercredi 21 janvier 2026 – mercredi 1er avril 2026
à 20h30
Clinique du Val Josselin, 22120 Yffiniac
Gratuit
Sur inscription via le lien weezevent : https://my.weezevent.com/lacan-lecteur-de-freud-malaise-dans-la-civilisation