L’introduction de la catégorie de semblant dans l’enseignement de Jacques Lacan

1ère conférence sur le thème du bureau de Rennes 2022-2023

Conférence d’Agnès Vigué-Camus, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP

La conférence sera suivie d’une discussion avec Sane Thireau, psychanalyste, AE, membre de l’ECF et de l’AMP.

Qu’est-ce que le semblant ? Jacques Lacan nous l’apprend le 13 janvier 1971 au cours de son Séminaire. « Ce semblant, c’est le signifiant en lui-même. De ce signifiant, je fais un usage qui gêne les linguistes. (…). Le signifiant, on croit que c’est cette bonne petite chose qui est apprivoisée par le structuralisme, on croit que c’est l’Autre en tant qu’Autre, et la batterie du signifiant, et tout ce que j’explique »[1].
L’émergence de cette catégorie dans l’enseignement de Lacan suppose, en effet, une torsion à l’égard du grand Autre et de l’ordre symbolique qui avaient été pensés dans une autonomie structurante à l’égard de l’imaginaire.
La torsion du semblant concerne la jouissance située désormais dans ses points de disjonction avec le langage. Le coup de tonnerre du Séminaire XVIII, ce que Lacan apporte là de radicalement nouveau, c’est que l’agent, désigné pour nommer chaque discours, le terme en place de signifiant maitre, ce terme est nommé à partir d’un semblant, c’est-à-dire d’un vide de signification au cœur du langage. Par conséquent, le discours devient un appareil dont le référent est introuvable.
Il s’agit d’en tirer les conséquences quant à l’expérience analytique.

[1]  Lacan J., Le Séminaire, livre XVIII, D’un discours qui ne serait pas du semblant, texte établi par Jacques-Alain Miller, Paris, Seuil, 2006, p. 14.