Conférence d’Omaïra Meseguer, psychanalyste membre de l’ECF, 29 mars 2025, Yffiniac

 

Écho de Saint-Brieuc

Par Amandine Simon

Omaïra Meseguer est intervenue à Saint Brieuc le 29 mars 2025 sous le titre: « Malin tendu. Les êtres parlants et le malentendu de la langue. »  À partir de l’enseignement de Lacan, et rappelant que la psychanalyse est avant tout une expérience, elle nous a fait entendre comment les êtres parlants sont toujours « traumatisés du malentendu », aux prises avec la manière « tarabiscotée » dont la langue apparaît pour chacun. Il s’agit alors de lire les lésions, de repérer l’impact, de trouver comment chaque un a affaire à la matière des mots. C’est à partir de cela que l’analyste opère, au sens chirurgical. La portée des mots, la façon dont le corps et la langue sont noués, les débris, accrocs et incertitudes que cela produit sont au cœur du travail analytique, et du mystère concernant la question : « pourquoi ce bout de langue nous a frappé, et pas un autre ? »

Omaïra Meseguer, choisissant ses mots avec une grande précision, a partagé ses propres choix dans les séances avec ses patients. Il est par exemple différent de parler de « tracas » ou de « problème » : là où le mot « problème » se comprend, le « tracas » est un son qui fait écho à quelque chose qui dérange, taraude, et permet une ouverture.

Elle nous a rappelé à quel point il était important de questionner sur qui dit quoi, de quelle manière, de recueillir les mots précis de l’analysant pour dire ce qui le traverse.

Grâce à un cas issu de sa pratique et à quelques vignettes cliniques, Omaïra Meseguer a montré comment, dans l’analyse, « on cherche des faits de langue, et pas seulement des événements ». Ce n’est pas un événement qui marque un sujet, c’est le langage. Il se saisit d’une parole dite, mi-dite, parfois tue, qui ne lui est pas nécessairement adressée mais dont il fera destin.

Dans une rencontre mystérieuse, la langue frappe le corps, et l’analyse permettra de se demander : « comment ai-je reçu les mots qui m’ont été adressés ? », faisant ainsi déconsister l’autre en donnant au sujet la responsabilité de la façon dont il a entendu ces mots.

Les échanges vifs et précieux qui ont suivi la conférence ont permis de faire un pas supplémentaire du côté de la précision incisive dans l’usage des mots. Omaïra Meseguer a montré comment la coupure peut viser la matière signifiante pour faire résonner un mot ou border quelque chose de la jouissance. Pour tout sujet, on cherche l’impact, ce qui a frappé. Un bout.

Informations

Samedi 29 mars 2025 à 14h30
Clinique du Val Josselin, Yffiniac
10 € /8 € (étudiants)