« Nomadland » de Chloé Zhao

Projection suivie d’une conversation autour du film

A la fois intime, universel, et intemporel, Nomadland explore « des questions qui nous concernent tous [1] ». « Que chacun y trouve ce qui compte pour lui[2] » est la boussole qui oriente le cinéma de Chloé Zhao, et Nomadland n’y déroge pas.

Le point de départ du film est une question sociale, pour autant sa réalisatrice n’en fait pas un film de combat. Nomadland est avant tout le portrait d’une femme, Fern, qui prend la route avec son van suite au décès de son mari, et à la perte de son emploi et de sa maison. C’est progressivement, avec délicatesse, que se dévoile au spectateur ce personnage, au gré de ses rencontres avec d’autres « nomades » auprès desquels elle trouvera accueil.

Par quoi Fern est-elle poussée à adopter ce nouveau mode de vie ? Quelle fonction donner au trajet de ce personnage dans le film ? Si pour Freud « le sujet du deuil a affaire à une tâche qui serait de consommer une seconde fois la perte de l’objet aimé provoquée par l’accident du destin. […] il insiste [également], à juste titre, sur le côté détaillé, minutieux, de la remémoration de tout ce qui a été vécu du lien avec l’objet aimé. » [3] Ainsi, ce road movie peut être envisagé comme une allégorie du deuil freudien.

Ce seront donc ces questions, de la solitude, de la perte, du « travail » de deuil, et de sa valeur d’acte, qui permet au sujet de retrouver le chemin de son désir, que nous mettrons au centre de nos échanges de cette première rencontre Cinéma et psychanalyse. Nous avons, pour ce faire, le plaisir d’accueillir Philippe Carpentier, psychanalyste, membre de l’École de la Cause freudienne et de l’Association Mondiale de Psychanalyse, qui partagera avec nous sa lecture de Nomadland.

[1] Bergery B., « Entretien avec Chloé Zhao, réalisatrice de « Nomadland », le film aux trois Oscars », disponible sur internet: https://www.afcinema.com/Entretien-avec-Chloe-Zhao-realisatrice-de-Nomadland-le-film-aux-trois-Oscars.html

[2] Ibid.

[3] Lacan J., Le Séminaire, livre x, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 387.