Édito
P’oublier
Françoise Haccoun et Hervé Damase
Pour cet ultime numéro de l’année 2025 de L’Hebdo-Blog, nous avons choisi d’aborder ce que représente la publication dans le champ psychanalytique. Quelle est la spécificité, l’attrait particulier, l’agalma, la force aussi bien, de cette publication de l’ECF, de l’ACF et des CPCT ? La dernière journée Question d’École, sous le titre Ce que l’École te donne à lire, fut une belle occasion d’aborder ce thème sous un jour nouveau pour en extraire les dimensions tant clinique que politique. Cette dernière sera spécialement à l’honneur de la prochaine journée Question d’École qui aura pour thème L’Action lacanienne.
Publier dans le Champ freudien nécessite que ça tranche, que ça coupe, que ça interprète, en visant un décollage de la signification du disque-our-courant ! Pour cela, Lacan inventa un néologisme qu’il déclina : p’oublier, poubellication.
Écrire n’est pas dans la continuité de parler. Le mot poubellication, loin d’être une dévalorisation de la publication d’écrits, élève plutôt ceux-ci au statut d’objet a, soit la lettre en tant que « support matériel que le discours concret emprunte au langage[1] ». Publier ne revient-il pas à une sublimation de ce dont il a fallu se séparer, sans tomber dans l’oubli qui guetterait toute publication, celle de se transformer en poubelle, puisque chaque lettre est affine au déchet ?
L’écriture se réfère à la lettre. Dans ce numéro, au plus près de l’énonciation de chaque auteur, des déclinaisons de ce terme en rendent compte.
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Lacan J., « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 495.
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