Édito
Affects lacaniens
Adriana Campos & Françoise Haccoun
Les affects dérangent. Ils font irruption mettant à mal l’illusion de maitrise des sujets contemporains. Aussi, les psys et les coachs proposent des techniques pour gérer les émotions, pour retrouver le contrôle de soi – respiration, méditation, etc. –, croyant par-là agir directement sur le corps et sur ce qui l’agite.
Au-delà des émotions et des senti-ments, la psychanalyse donne un tout autre statut, voire une toute autre dignité, à l’affect. À côté de la représentation, réside ce que Freud appelle quantum d’affect correspondant à la pulsion, en tant qu’elle s’est détachée de la représentation. L’affect est l’expression qualitative de la quantité d’énergie pulsionnelle et de ses variations. Vérifier l’affect consiste à délivrer, au quantum de l’affect, la manifestation d’une vérité opaque, ouvrant sur une autre scène refoulée. Il s’agit, selon l’expression de Jacques-Alain Miller, de faire les affects vrais.
Dimension de vérité, mais surtout de jouissance, Lacan en fera un enjeu proprement éthique. Il en va de la possibilité même de faire résonner une jouissance désarrimée par l’effort du bien-dire. C’est bien ce dont il est question dans la tristesse, mais aussi dans le gay sçavoir.
Dans l’actuel numéro de L’Hebdo-Blog, vous trouverez des textes percutants et vifs nous éclairant sur trois affects contemporains : dépression, angoisse et sur ce qu’évoque le gay sçavoir.
Bonne lecture ! |