Édito
Rien de plus réel que la vie
Corinne Rezki
Lacan considère la pulsion, à l’instar de Freud, comme l’un des concepts fondamentaux de la psychanalyse. Il redonne à la découverte de la pulsion de mort freudienne, scandaleuse à l’époque, une perspective dynamique qui fait du trajet pulsionnel un circuit autour de l’objet a, qui attrape vie et mort par le biais de l’impact du signifiant sur le corps.
Lors de l’enseignement au Campus 2024-2025, nous avons parcouru les textes princeps de Freud, Lacan et Jacques-Alain Miller sur la pulsion pour cerner le thème de la pulsion de vie et de mort à l’adolescence : une théorie de la pulsion mise en tension avec l’expérience clinique. Vivre ou ne pas vivre, à cette période de la vie propice aux bouleversements, est en effet devenu, depuis plusieurs années, un enjeu de santé publique aggravé par la récente pandémie de 2020. Le mal de vivre devient le symptôme de notre modernité où le trop envahit le paysage. La théorie psychanalytique, vibrante d’actualité, et sur laquelle nous avons pris appui, nous a permis d’éclairer la clinique de ce mal de vivre contemporain : passages à l’acte et tentatives de suicide, anorexie, dépression et mélancolie.
Ce qui pulse au sein même du vivant du corps de l’être parlant, cette étrangeté qui se répète inlassablement, déborde, s’inhibe, se loge au plus profond de l’intime, du symptôme, et par la même du malaise dans la civilisation, demande à être abordé, questionné pour tenter de venir en cerner l’indicible.
Dans ce numéro, vous trouverez trois textes écrits par de jeunes auteurs, venant à la fois interroger et illustrer ce qui se manifeste lorsque s’évoque la pulsion. Trois touches personnelles qui apportent leur contribution à ce vaste sujet de la pulsion de vie et de mort.
Un phénomène anti-vital par la répétition à l’œuvre dans la pulsion ? Sans Autre, le statut autoérotique de la pulsion qui l’emporte, le jouir sur le dire ? Une pulsion qui en redemande et met le corps étranger à distance ? Une nouvelle alliance avec la jouissance du côté de la vie, ce à quoi le psychanalyste, par son acte, est convoqué.
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