L’objet de nos haines

 

Le thème de ce nouveau numéro d’Accès à la psychanalyse s’est imposé dans l’après-coup des attentats qui ont ensanglanté Paris le 13 novembre 2015. Nous le bouclons alors même que Nice et toute la France sont en deuil après le massacre perpétué ce 14 juillet. Entretemps, Bruxelles aussi fut touchée par la fureur terroriste, ainsi qu’Orlando, aux États-Unis. À chaque fois c’est l’effroi, la sidération, le sans mot face à l’horreur. Mais déjà avant, et ailleurs, la haine portée au nom de Dieu ou d’un Idéal quelconque vire au pire. Que visent ces fanatiques qui s’en réclament à l’occasion ? C’est l’insupportable de la jouissance de l’autre, de la singularité des modes de jouir des « idolâtres », qu’il leur est impossible de négativer, de faire passer dans la langue, et qu’il leur faut éradiquer. La haine qui se déchaîne ainsi dans notre civilisation, aussi vain soit-il d’en chercher les raisons sociales ou les causes psychologiques, n’apparaît donc pas sans objet. La psychanalyse, de toujours, propose de reprendre la parole à partir de ce point de hors sens, précisément, pour en saisir la logique.

 

Le dossier d’Accès 9 s’inscrit dans ce temps pour comprendre. Jean-Claude Maleval nous propose, en ouverture, une étude rigoureuse sur le concept de pulsion de mort, du scandale de la découverte freudienne à sa reprise par Lacan commentée par Jacques-Alain Miller. À sa suite, des textes théoriques puis cliniques permettent d’appréhender, à partir de l’orientation lacanienne, ce qui de la jouissance trouve à se civiliser, dans le transfert notamment.

 

Pour conclure, ce sont les artistes, une fois de plus, qui nous montrent la voie d’un traitement possible et toujours singulier du réel.

 

Accès 9 se fait aussi l’écho des conférences prononcées dans l’acf-vlb avec deux textes relatifs à la psychanalyse en direction des enfants (Hélène Deltombe) et des adolescents (Laurent Dupont). Les partenariats avec les lieux culturels continuent de nourrir nos pages cinéma.

 

Puis deux conversations inédites, l’une avec la réalisatrice Ovidie et l’autre avec l’historien Emmanuel De Wasqueriel, mettent en perspective la question du traitement du corps des jeunes filles, de l’impératrice Marie-Antoinette à la génération Y.

 

Nécessairement, ce numéro se conclut sur l’amour, autre passion lacanienne, à partir notamment d’un texte de Pierre Naveau.

 

Isabelle Rialet-Meneux et Éric Taillandier